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         J'aimerais être pleine de musique. Pleins d'une joyeuse musique, qui pousse à l'inspiration divine. Devenir extase pure, par tous les moyens, chercher cette élévation qui me conduira hors de la Terre, hors du monde. Cherche au plus profond de moi-même et m'enivrer de plaisirs spirituels intenses au point de perdre toute notion, tout contrôle, et n'exister plus que par vertiges, par ascension irrésistible vers un univers prenant, dévorant, envoûtant, plein de fantaisies, de chaleurs, de libertés. Je pourrais dépeindre ce long voyage plutôt que de le vivre et ne point chercher à la comprendre, mais seulement ressentir ce qu'il procure à mon corps. Je voudrais entraîner celui-ci aussi loin que mon esprit me le permet, je voudrais lui faire franchir toutes les barrières possibles afin qu'il ne noie dans un espace intermédiaire, indéchiffrable, empli de songes où nul ne peut pénétrer, excepté ceux qui y sont conviés. Je m'entourerais d'extase permanente et le monde diminuerait  il ne subsisterait plus de ce quotidien, de cette existence que les souvenirs des prémices de cette élévation. Je suis brume, assoiffée de culture, de curiosités et de sensations. Mais je rêve cependant d'être entièrement possédée, d'abandonner mon corps, de le Lui abandonner. Il me paraît difficile de côtoyer sans cesse milles âmes dont les regards semblent si anonymes, dont l'existence me laisse pleine d'indifférence.


         Cette bestialité qui combat la douceur se réveille. J'attends la violence, et je la crains. Je flotterais au dessus de ce chaos pour contempler uniquement des ravages, des ravages reflétant ce qui se cache dans mon esprit. Peut être s'imprimeront-ils sur mon corps ? Que l'extase le submerge alors ! Abandonner ce que je suis pour devenir brume céleste, c'est ainsi que je pourrais transcrire mon vœux actuel, mon état d'esprit présent. Je sens mon cœur battre furieusement, comme s'il voulait se délivrer de ma poitrine. Et me voilà envahie d'une profonde chaleur, les prunelles brillantes, j'imagine, l'ascension commence. Où vais-je ? Que deviendrais-je ? Ces questions restent sans réponse et ne paraissent plus importantes car quelque soit le destin, je sens en mon esprit qu'il paraît magnifique. Et la musique m'envahit encore. Si seulement je pouvais devenir comme ces accords, ces voix...

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    «  Mon vouloir suprême, cette volonté persistante, qui me consume et m'épuise, serait de ne jamais revenir des états musicaux, de vivre exalté, ensorcelé et éperdu dans une ivresse de mélodies, dans une ébriété de sonorités divines, d'être moi-même une musique des sphères, une explosion de vibrations, un chant cosmique, d'essor en spirale de résonances. »


    Cioran, Le livres des Leurres


     


     


    Pour illustrer cet article, j'ai choisis premièrement une photographie de la cathédrale Saint Etienne de Toulouse, parce que c'est en son sein qu'il m'est arrivé parfois de ressentir autrefois une telle extase, face à la grandeur et à la beauté de ce monument intemporel et hors du monde moderne... La seconde photo me plaît par la beauté du jeu de lumière, et l'impression d'elevation qu'elle suggère.


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  •      J'éprouve une étrange impression d'errance, et m'interroge également sur le sens de l'amitié. Deux êtres qui partagent leur univers respectifs. Laisser pénétrer autrui en son monde, lui offrir une partir du sien. Il s'agit d'une relation de confiance, et je ne pense point qu'elle s'acquiers au fil du temps. Ce sont les coups de cœur qui dirigent ma vie, la passion qui me sert d'entendement, l'instinct qui me pousse à agir ou non, à déceler chez un individu la potentialité qui s'y cache. Mes jugements se révèlent rarement erronés. Je ne sais si je peux avoir la prétention de parler « d'expérience de l'âme humaine », mais je crois être assez psychologue pour discerner les personnes dignes de confiance, même si nul ne se trouve à l'abri d'une quelconque trahison. L'amitié naît d'une pulsion qui porte vers autrui. Je l'entrevois comme une sorte d'offrande de son esprit. Peut être est-ce ce qui la distingue de l'amour, car ce dernier pousse également à offrir son corps, et bien plus ?
         Tant de questions m'assaillent et je me sens préoccupée par la rencontre d'une personne qui, parfaite inconnue, a pourtant tenu à me dévoiler son univers très vite. Trop vite. Ayant vécu dans une grande solitude puis un an, ne suis-je plus habituée à lier contacts dans la réalité sincères et profonds ? Ais-je peur de « me » partager ? De trouver incompréhension ? De m'attacher ? De perdre ma liberté ? Bien qu'il m'arrivait parfois de me désoler, j'appréciais vivement cette compagne quotidienne à la faculté : la solitude. A présent, je « dois » composer avec une nouvelle compagne. Réelle. Ce que je dis peut peut-être sembler choquant : on ne doit point se forcer à avoir des amis. La personne que j'ai rencontrée est si ambiguë, mon opinion à son égard se révèle si paradoxale que mon esprit se tourne sans cesse vers elle, pris par la dérision. J'ai peur, je crois, de livrer trop de moi-même. C'était tellement plus facile de vivre repliée dans son monde, ses idées, ses rêves... 


           Je ne me rappelle plus de la manière dont on construit une relation avec autrui. Je voudrais être intemporelle, coupée du monde. Pourquoi poserais-je les yeux sur un univers, aussi passionnant, et touchant soit-il, alors que je me sens voguer à des milliers de kilomètres de cette vie ? Un autre monde m'attire, mais je ne pourrais jamais confier quoique ce soit dans la réalité à des personnes, ce que mon esprit se plaît à enjoliver. Je voudrais m'élever, devenir un spectre, enveloppée de brume, que mon passage demeure léger et silencieux. J'aurais trop à dire, j'aurais trop à dévoiler et les années m'ont appris à garder au fond de moi ces secrets, à cultiver cet univers chaleureux, incarnation de ma vision du bonheur, des relations, de l'amour. Trop de choses hors normes ou intemporelles rythment mes pensées. Je voudrais juste rester une figure que l'on contemple mais qu'on n'ose approcher. La personne qui m'a abordé a mis plusieurs jours avant d'agir, et je me demande ce qu'elle attend de moi, si elle cherche à me connaître parce qu'elle s'est fait telles idées sur ma personne par mon apparence ou mon attitude. Je ne veux pas qu'elle devine quoique ce soit, et cependant je voudrais lui imposer mon monde. Peut être n'est-ce point elle qui est si paradoxale, mais moi et mon esprit troublé ?...


    Musique: The Gathering, "Sand and Mercury"


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         J'aime la sensation de cette caresse chaude, brûlant à peine ma peau, avant de se solidifier instantanément, fusionnant avec elle, l'entraînant dans ses émois comme une découverte, un soulagement. Cette douleur fugace qui s'anime et  s'éteint, laissant un sillage nacré et délicat qui se brise au premier geste. Morsure envoûtante de la cire à laquelle je ne peux plus résister. Et la flamme danse et s'agite. Et ma peau se recouvre peu à peu. Je souhaiterais devenir sa prisonnière...




     


    écris hier soir...


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