•      J'éprouve une étrange impression d'errance, et m'interroge également sur le sens de l'amitié. Deux êtres qui partagent leur univers respectifs. Laisser pénétrer autrui en son monde, lui offrir une partir du sien. Il s'agit d'une relation de confiance, et je ne pense point qu'elle s'acquiers au fil du temps. Ce sont les coups de cœur qui dirigent ma vie, la passion qui me sert d'entendement, l'instinct qui me pousse à agir ou non, à déceler chez un individu la potentialité qui s'y cache. Mes jugements se révèlent rarement erronés. Je ne sais si je peux avoir la prétention de parler « d'expérience de l'âme humaine », mais je crois être assez psychologue pour discerner les personnes dignes de confiance, même si nul ne se trouve à l'abri d'une quelconque trahison. L'amitié naît d'une pulsion qui porte vers autrui. Je l'entrevois comme une sorte d'offrande de son esprit. Peut être est-ce ce qui la distingue de l'amour, car ce dernier pousse également à offrir son corps, et bien plus ?
         Tant de questions m'assaillent et je me sens préoccupée par la rencontre d'une personne qui, parfaite inconnue, a pourtant tenu à me dévoiler son univers très vite. Trop vite. Ayant vécu dans une grande solitude puis un an, ne suis-je plus habituée à lier contacts dans la réalité sincères et profonds ? Ais-je peur de « me » partager ? De trouver incompréhension ? De m'attacher ? De perdre ma liberté ? Bien qu'il m'arrivait parfois de me désoler, j'appréciais vivement cette compagne quotidienne à la faculté : la solitude. A présent, je « dois » composer avec une nouvelle compagne. Réelle. Ce que je dis peut peut-être sembler choquant : on ne doit point se forcer à avoir des amis. La personne que j'ai rencontrée est si ambiguë, mon opinion à son égard se révèle si paradoxale que mon esprit se tourne sans cesse vers elle, pris par la dérision. J'ai peur, je crois, de livrer trop de moi-même. C'était tellement plus facile de vivre repliée dans son monde, ses idées, ses rêves... 


           Je ne me rappelle plus de la manière dont on construit une relation avec autrui. Je voudrais être intemporelle, coupée du monde. Pourquoi poserais-je les yeux sur un univers, aussi passionnant, et touchant soit-il, alors que je me sens voguer à des milliers de kilomètres de cette vie ? Un autre monde m'attire, mais je ne pourrais jamais confier quoique ce soit dans la réalité à des personnes, ce que mon esprit se plaît à enjoliver. Je voudrais m'élever, devenir un spectre, enveloppée de brume, que mon passage demeure léger et silencieux. J'aurais trop à dire, j'aurais trop à dévoiler et les années m'ont appris à garder au fond de moi ces secrets, à cultiver cet univers chaleureux, incarnation de ma vision du bonheur, des relations, de l'amour. Trop de choses hors normes ou intemporelles rythment mes pensées. Je voudrais juste rester une figure que l'on contemple mais qu'on n'ose approcher. La personne qui m'a abordé a mis plusieurs jours avant d'agir, et je me demande ce qu'elle attend de moi, si elle cherche à me connaître parce qu'elle s'est fait telles idées sur ma personne par mon apparence ou mon attitude. Je ne veux pas qu'elle devine quoique ce soit, et cependant je voudrais lui imposer mon monde. Peut être n'est-ce point elle qui est si paradoxale, mais moi et mon esprit troublé ?...


    Musique: The Gathering, "Sand and Mercury"


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         J'aime la sensation de cette caresse chaude, brûlant à peine ma peau, avant de se solidifier instantanément, fusionnant avec elle, l'entraînant dans ses émois comme une découverte, un soulagement. Cette douleur fugace qui s'anime et  s'éteint, laissant un sillage nacré et délicat qui se brise au premier geste. Morsure envoûtante de la cire à laquelle je ne peux plus résister. Et la flamme danse et s'agite. Et ma peau se recouvre peu à peu. Je souhaiterais devenir sa prisonnière...




     


    écris hier soir...


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  •      Ce jour, je l'aurais attendu avec une ferveur incomparable, et le voilà qui survient et s'insinue dans ma vie avec tant de silence et de naturel que je m'étonne de ne point ressentir plus d'agitation. Comment ais-je pu oublier si rapidement toutes les souffrances endurées, les affres de cette existence passée, le désespoir qui consumait peu à peu mes forces ? Comment se fait-il qu'à présent ce dénouement m'apparaît si logique, si inévitable, que je ne trouve en moi ni surprise, ni peur, ni joie frénétique ? Je me sens sure, froidement sure de ma victoire, de ma vie, de mon choix : demain je partirais. Je Le rejoindrais.
    Les premiers temps, peut être compterais-je encore les heures avec la peur de les voir s'envoler, maudissant le temps qui s'écoule trop vite, nous rapprochant d'une séparation cruelle. Mais la succession de ces matins ensoleillés, de ces journées pures et merveilleuses, de cette vie rêvée devenue réelle s'imprimera surement dans mon esprit, et je prendrais bien vite conscience que mes craintes étaient illusoires : il n'y aura plus de retour ... Cette perspective recompose mon âme, et je crois redevenir peu à peu celle que j'étais autrefois. Celle qui se construisait. On habitue promptement et sans difficultés au bonheur !
    Pas une crainte ne m'assaille et pourtant ma vie changera entièrement. Que de chemin parcouru ! Quel destin tumultueux. Vais-je enfin apprendre à vivre ? Je m'interroge toujours sur « qu'est-ce que vivre ? ». Car hormis le sens premier qui consiste à assurer les fonctions vitales de son corps, « vivre » recouvre toute une autre dimension spirituelle. Se plonger dans les livres ou l'écriture ne suffiront certainement plus, et mon regard devra s'ouvrir sur le monde, d'autres perspectives et univers bien moins attrayants peut être, chargés de contraintes. Pour la première fois, je crains de découvrir le monde.


         Je souhaiterais mener une existence en autarcie avec Celui que j'adore ; une existence coupée du monde, de la société et de ses « morales », de ses directives. Une vie calme, paisible, retirée dans la nature, agrémentée de plaisirs simples, conformes à nos mœurs et désirs. Il est ma vie, et je désire Lui consacrer entièrement la mienne...


    Que me réserve l'avenir ?...


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  •       C'est un art que je ne voulais abandonner, mais je ne lui trouve plus de place dans ma vie. L'inspiration va et vient, et nécessite une certaine indépendance, car on ne peut attendre pour transcrire les idées, lorsqu'elles se présentent. Et j'ai trouvé les mots bien fades, comme abandonnés au bord du chemin. Comme une carapace dépourvue de toute âme. Je ne parviens plus à insinuer ce souffle de vie dans mes textes, et voir le résultat me désole si profondément que je préfère oublier que j'aurais pu écrire un jour... Je préfère oublier beaucoup de choses, car à présent rien d'autre ne me tient à cœur que de vivre pour Celui que j'aime.


         Pour aimer la vie, s'y accrocher, il faut lui donner un sens. L'idée "d'être utile" ou de servir une communauté me révolte, car j'estime que l'individu demeure un être indépendant et libre, ayant pleinement droit à sa considération. En réalité, c'est la communauté qui me dégoute, la société, ce que les hommes deviennent lorsqu'ils se regroupent, et prétendent établir des règles morales justes. Ce principe de fourmilière, qui réduit les capacités propres de chaque être humain et les broie dans un immense engrenage majoritairement économique... Etrangement, tout sacrifice qui ne parait point égoïste me semble abhorrant. Parce que j'entretiens des convictions différentes, parce que le sens de ma vie reste et restera toujours différent de celui des autres. Parce que le monde ne m'intéresse plus et ne suscite que mépris et tristesse. La vraie beauté se cache là où l'homme ne peut l'atteindre. Et là où celui ci se regroupe seuls malheurs, contraintes, et fourberies subsistent.
         J'éprouve une peur terrible envers les gens. Peur d'être envahie
    , peur d'être attaquée, importunée. Je voudrais les rejeter loin de moi et m'établir le plus loin possible de la civilisation. Mais j'ai conscience que mon désir ne restera qu'utopie car l'homme ne peut plus hélas survivre sans la société, à moins d'être doté peut être, d'une constitution physique hors du commun. Mais il manquerait les livres. L'art, la culture, le raffinement de la civilisation, qui lui me parait indispensable.


         J'avais songé au terme de "servir la communauté " et "être utile" non seulement à cause de ma lecture. En effet, j'ai souvent entendu beaucoup de personnes autour de moi se plaindre de ne point se sentir utile, et déplorer ainsi leur existence sur terre. Je crois que ces gens là commettent une grave erreur dans le choix de leurs termes. En effet, ce n'est point le manque d'utilité qui leur procure cette sensation de néant, mais le fait qu'ils n'existent point. Exister, c'est se réaliser. Etre utile, c'est servir. On peut exister sans servir et servir sans se réaliser. Créer, éprouver cette fierté quant à ses œuvres, quant à ses actes, diriger sa vie et s'épanouir demeurent les clefs de l'existence. Et c'est ainsi que notre présence en ce monde prend tout son sens, pour soi, et pour ses proches. Nul besoin qu'elle ne s'étende au-delà. Car exister, c'est évoluer dans son univers, dans son monde, en harmonie. Cette dernière apparaît comme la clef du bonheur. Un être en harmonie avec lui-même, satisfait, comblé. Il se sentira bien avec ce qu'il est et ce qu'il fait. Les êtres désirant « servir une communauté », « servir au monde », « servir à l'humanité », ressentent souvent le néant de leur vie, de leur existence, et s'imaginent qu'en servant, ils seront reconnus. Or, être utile reste impossible. Ou alors il faut admettre que cela restera dans une échelle fort réduite. Mais les gens recherchant l'utilité se placent sous le regard et l'approbation d'autrui, respirant à travers leurs jugements. Comme s'ils lui étaient supérieurs. Comportement dommage et presque avilissant dans la mesure où il impose à l'individu une dépendance négative : celle de l'opinion publique. Celle d'êtres ne valant pas mieux, ne méritant aucun pouvoir ou influence. L'individu cherchant à se rendre ainsi utile me parait insatisfait de sa vie, de son entourage, de ce qu'il est, de ce qu'il possède, et c'est une grave constatation que de s'apercevoir de cela, car il semble bien difficile d'une part de renoncer à l'approbation publique, la seule qui comptera tant l'estime personnelle s'affaiblira, d'autre part de trouver sa voie de cette manière, et par ailleurs l'harmonie.






         Par contre, pourquoi ne pas se servir soi même, ou servir un autre individu, en le plaçant plus haut que soi même ? En en faisant le centre de sa vie ? Certains trouveront l'idée bien plus périlleuse peut être, ou décrèteront qu'il s'agit d'un comportement narcissique ou égoïste, mais si tel est le choix d'un, individu, ceci peut lui apporter la sensation d'exister, tant recherchée. Car on se fond dans une communauté, on se fond, disparaît pour devenir un grain de poussière qui aura participé à l'élaboration, tandis que l'utilité à échelle réduite apporte une satisfaction personnelle bien plus intense étant donné qu'à travers elle, c'est soi même que l'on construit. Le seul sentiment qui puisse permettre à un individu de servir librement un autre, et de trouver ainsi son bonheur, en construisant un double bonheur, demeure l'amour.  
         Je m'aperçois d'un fait que je tiens à souligner dans la différence de « servir une communauté » (j'entends par là aussi bien servir un roi, ou une puissance sois disant supérieure), et se servir soi même, ou servir tout simplement un individu qu'on aime et respecte, lui consacrer sa vie (j'admire beaucoup ce genre de schéma que l'on retrouve notamment parfois dans le milieu bdsm, parce qu'il correspondent selon moi à la vision et l'épanouissement de l'amour le plus pur, le plus fort et le plus fusionnel qu'il soit) : c'est que dans le premier cas, l'individu a affaire à une puissance imposée, envers laquelle n'entrent en jeu ni sentiments, ni affection, mais simplement crainte, d'où respect forcé ; dans le second cas, c'est l'admiration, le désir, l'amour, le cœur, la recherche de l'harmonie, qui poussent l'individu à se soumettre, et/ou à vivre selon ses propres règles, c'est-à-dire les règles et morales correspondant à sa personnalité et ses valeurs propres. Règles et valeurs qui lui permettront de s'épanouir entièrement car elles s'accorderont avec sa vision du monde, de l'existence, ses projets, et son esprit.  



         Si je devais transcrire la conclusion de mes réflexions, je dirais simplement « vivez pour vous-même, ou pour Celui/Celle/Ceux que vous aimez ». Car le monde n'est qu'une énorme machine, une énorme puissance qui se servira de vous et vous écrasera, vous conduira à votre perte, vous arrachant tout ce que vous possédez, pour croître encore, se satisfaire. Une vie heureuse ne peut être que pacifiste, mais retirée de toutes ces vicissitudes extérieurs. Une vie régie par la satisfaction, la création, la réflexion, l'harmonie. Exister. Je trouve déplorable que cela devienne si rare de nos jours, car j'entrevois la plus part des gens se plongeant dans les affres offerts de la société, pour échapper à eux même, et finalement enterrer leurs sentiments les plus profonds et les plus purs, donnant de l'homme l'image d'un être mauvais et cupide. Mais j'ai conscience que mes constatations sont peut être quelque peu emphatiques, et mues tant par une certaine misanthropie, un pessimisme constant, une vision de l'amour exclusive, dominée par la possession complète d'autrui, et une méfiance naturelle envers les humains.       


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  •      Quelles lettres écrirais-je ? Je rêves de pages brûlées toutes les nuits. Des morceaux de passé qui s'entrecroisent dans l'ombre, et disparaissent silentieusement, laissant une trace étrange dans mon esprit. J'aime m'éveiller encore dans le rêve, le regard plongé dans ce monde fantasmagorique, le corps accroché à la réalité sans sursaut, toute conscience dissimulée. C'est comme une évasion. Paysages défilant par la fenêtre, et locomotives. Mes écrits seraient-ils prémonitoires ? Je me souviens de ce cahier, que j'ai gardé, auquel j'avais confié que je désirais que le train m'emporte bien loin, bien vite. Les bus deviennent des trains, et les trains deviendront des oiseaux.


    Et quelles lettres écrirais-je pour leur dire aurevoir ? Ces souvenirs me semblent si dénués de sentimentalité que je tente malgré moi de les chérir encore, parce que je ne peux me résoudre à les contempler avec une telle indifférence, eux que j'ai tant aimé. Suis-je l'ancienne ? La nouvelle ? Est-ce une esquisse ? En moi, tant de changements, tant de force qui se déploie. C'est dans moins de deux jours à présent, et j'y songe encore comme le tournant de cette vie que j'ai mené assoupie. "Le volcan va exploser." Comme je me rapelle de l'expression... Il va exploser une seconde fois. Pour de vrai ! 


         J'aime cette passion, j'aime ce tournant que va prendre mon existence, car j'aime le combat.


         Je me sens un peu livrée à moi même, comme si tout d'un coup, je me retrouvais les mains pleines de cartes. Mais j'apprendrais. Les cartes, les cartes. Il y en a partout, de toutes sortes. Ce sont les cartes qui me sauveront. J'aime jouer.


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